HPI, HPE, surdoué, multipotentiel, zèbre : de très nombreux termes existent. Ils proviennent d’horizons divers, sans être tous reconnus. Ils transcrivent une réalité complexe, foisonnante, mais aussi que peu de travaux scientifiques ont été réalisés encore, sur le sujet. De fait, Christel PETITCOLLIN (psychologue et écrivaine) évoque la difficulté à nommer tout ce que représente une personne Haut Potentiel.
Se reconnaître
Définition
De manière générale, une personne surdouée ou HPI (haut potentiel intellectuel) présente un QI égal ou supérieur à 130. On estime à 2% environ, la représentation de ces personnes dans la population. Cette douance peut être détectée à l’aide de test, qui révèlera aussi beaucoup sur l’hypersensibilité de l’individu testé.
Pour Sandrine LARIVE (coach certifiée et praticienne licenciée en PNL), il y a consensus pour dire que ce n’est pas un talent inné mais une organisation cognitive spécifique innée qui se potentialise. De plus, si des prédispositions sont visibles au niveau du câblage neuronal, ces capacités sont à développer pour atteindre un certain talent.
Différences
Pour Raymonde AZAN (écrivaine et psychanalyste), il y a une différence entre les HPI et les HPE. Ces derniers seraient, pour elle, des personnes, ayant une intelligence émotionnelle supérieure à la moyenne, pas toujours associée à une intelligence cognitive élevée. Toutefois, Tristan CHARRIER (My gifting network, réseau de personnes surdouées du groupe Airbus) pense que l’intelligence émotionnelle est davantage une softskill qui se travaille.
En parallèle, les termes HPI et surdoué sont similaires mais font débat. En effet, ces deux dénominations mettent en avant une certaine supériorité alors qu’il s’agit plutôt d’une différence cognitive. Sandrine LARIVE, dans ses vidéos youtube, met en avant d’autres mots comme neuro-atypique ou neuro-divergent. Ces deux termes ont l’avantage de gommer le superlatif « sur » mais incluent aussi les TSA, les TDHA, les dys…
Enfin, le mot « zèbre » est aussi employé, par Jeanne SIAUD-FACCHIN (psychologue clinicienne et psychothérapeute), entre autres. Il n’est pas scientifique et reprend les caractéristiques de l’animal : vivant en troupeau, avec des rayures pour se fondre dans le paysage. Dans le même temps, ses rayures sont uniques, et, de fait, transcrivent la réalité du HP.
Caractéristiques
Les zèbres sont curieux et créatifs. Ils ont soif de connaissances, s’ennuient très vite et comblent cet ennui avec leur inventivité. L’émergence d’un problème leur permet d’imaginer plusieurs résolutions possibles. En effet, les personnes HPI ont un mode de pensée dit « en arborescence », c’est-à-dire qu’elle se déploie dans plusieurs directions, parfois en même temps. Chaque idée se divise en sous-idées, par association d’idées ou analogies.
Les personnes neuro-atypiques sont plus enclines à vivre leurs émotions de façon plus intense que la moyenne. Ils sont davantage hypersensibles. En outre, cet aspect accentue leur empathie envers les autres, en même temps qu’une forte sensibilité sensorielle.
Vivre avec son haut potentiel au quotidien
S’accepter
C’est d’abord reconnaître sa différence et identifier son fonctionnement mental, émotionnel. Il s’agit ici de renoncer à la norme sociale pour pouvoir créer sa place. Ainsi, se connaître soi-même est indispensable. Il est nécessaire de prendre du temps, dans une activité sportive ou culturelle, pour en apprendre davantage sur soi. Ensuite, c’est adapter sa vie en fonction de sa douance. En effet, en être conscient permet de faire des choix de vie en adéquation avec qui on est. Toutefois, s’accepter n’est pas aisé et se faire accompagner peut être nécessaire, lors d’une psychothérapie, par exemple.
Accueillir ses émotions
Nos émotions sont des messages qui facilitent la compréhension de ce qui se passe en nous. En apprenant à les écouter, nous pouvons mieux réagir à ce que notre corps nous transmet. Comme les personnes à haut potentiel sont davantage concernées par l’hypersensibilité, apprendre à gérer ses émotions devient capital. En outre, s’interroger sur la raison de ce ressenti permet d’en comprendre le cheminement et de prendre de la distance par rapport à ses émotions et mieux vivre avec elles.
Faire de sa différence, une force
Les adultes surdoués ont des difficultés à trouver leur place dans la société. Bien souvent, ils éprouvent un sentiment d’anormalité. Se sentir en décalage peut induire une image négative de soi et alimenter le manque de confiance en soi. Toutefois, l’estime de soi et la confiance se travaillent en identifiant ses qualités et en capitalisant sur les possibilités qui s’offrent à soi.
Haut potentiel et vie professionnelle
Les types de métiers susceptibles de convenir aux HP
Les métiers relevant de la gestion de projet peuvent convenir dans la mesure où de nombreuses compétences sont mobilisées, en plus de celles liées à l’organisation. De plus, les métiers créatifs peuvent trouver un écho chez les personnes zèbres parce qu’elles utilisent leur grande curiosité, leur capacité à comprendre et à transcrire des émotions, des idées à travers l’art, l’artisanat… Un autre type de professions concerne celles tournées vers l’accompagnement comme coach, éducateur ou enseignant. Les HP sont souvent intuitifs et empathiques et s’épanouissent dans ces milieux-là.
Identifier des entreprises innovantes, avec des valeurs humaines
Les grandes capacités des personnes HP ne sont plus à démontrer. En même temps, elles ont besoin de trouver du sens à leurs missions. Relever des challenges ne leur fait pas peur et en même temps, elles sont prompts à relever les dysfonctionnements de leur entreprise. Ainsi, une direction qui encourage l’ouverture d’esprit mais aussi la flexibilité et la créativité, en toute transparence, pourrait être un cadre de travail dans lequel un neuro-atypique s’accomplirait.
Le télétravail, le freelance ou l’entreprenariat
Ce sont trois manières de travailler qui séduisent les personnes surdouées. Elles y retrouvent leur goût de l’indépendance, peuvent s’organiser selon leur propre rythme et gérer leur temps comme il leur convient. Toutefois, le besoin de relations sociales peut accentuer le sentiment d’isolement, ressenti plus durement chez les personnes haut potentiel, en plus du stress que peut causer l’entreprenariat. Une situation mixte peut être envisagée pour plus de confort dans sa vie professionnelle.
Bibliographie/vidéographie
Christel PETITCOLLIN, psychologue et écrivaine : Je pense trop, comment canaliser ce mental envahissant, Guy Trédaniel Editeur, 2010, 224 p.
Sandrine LARIVE, coach certifiée et praticienne en programmation neuro-linguistique, auteur d’une chaine youtube dédiée aux thèmes du Haut Potentiel, Multipotentialité, Hypersensibilité : ô féminin.
Raymonde AZAN, écrivaine et psychanalyste, Par-delà l’excellence, Harmonie et Réflexion éditeur, 2006
Tristan CHARRIER, fondateur d’un réseau de personnes surdouées, travaillant à AIRBUS : My gifting network.
Jeanne SIAUD-FACCHIN, psychologue clinicienne et psychothérapeute, Trop intelligent pour être heureux ? : L’adulte surdoué, Odile Jacob éditeur, 20008